Les organisations de la société civile soutiennent la demande de restructuration de la dette de l’Argentine au Club de Paris

jeudi 14 mai 2020

Face à une crise économique exacerbée par les impacts de la pandémie de Covid-19, l’Argentine ne peut plus payer sa dette. Déjà en défaut de paiement virtuel auprès de ses créanciers privés qui en détiennent la plus grande part, elle a repoussé la semaine dernière un remboursement de 2,1 milliards de dollars au Club de Paris, après en avoir sollicité un rééchelonnement et une réduction des taux d’intérêts. Les organisations de la société civile françaises de la Plateforme Française Dette & Développement et internationales exhortent le Club de Paris à répondre rapidement et positivement à cette demande, afin de ne pas entraver la résolution ordonnée, efficace et soutenable que l’Argentine propose à l’ensemble de ses créanciers, et de lui donner la marge de manœuvre nécessaire pour répondre aux besoins vitaux de sa population.

Avec un taux de pauvreté qui pourrait atteindre 45 % de la population selon de récentes estimations, un taux de chômage qui explose et une insécurité alimentaire qui menace la survie d’une partie de sa population, l’Argentine, déjà victime d’une profonde récession depuis deux ans, subit de plein fouet les conséquences dramatiques de la récente pandémie de Covid. En parallèle, le FMI prédit une contraction du PIB de 5,7%, laissant de nouveau planer le spectre de la terrible crise que le pays a connu en 2001.

Incapable dans ces conditions de continuer à rembourser ses dettes, dont les paiements d’intérêts ont doublé en proportion de ses revenus, sans hypothéquer les besoins fondamentaux de sa population, l’Argentine a présenté à l’ensemble de ses créanciers, une proposition de restructuration cohérente et responsable mais qui se heurte pour le moment au refus de ses principaux créanciers privés.

A ses créanciers du Club de Paris, l’Argentine demande spécifiquement une renégociation de l’Accord controversé de 2014, signé après le défaut historique du pays en 2001, et qui avait fait passer la dette du pays de 6,5 à 9,7 milliards de dollars, sous l’effet des intérêts et pénalités de retards. Une dette que l’Argentine a donc en grande majorité remboursée depuis.

Dans un courrier adressé au Club de Paris et à ses États membres le 14 mai, les organisations de la PFDD et de la société civile internationale expriment leur soutien à la proposition de l’Argentine et appellent ses créanciers membres du Club à l’accepter. Elles estiment que, bien que le montant des créances détenues par le Club de Paris puisse paraître faible en comparaison de celui détenu par les créanciers privés du pays (plus de 60 milliards de dollars), en acceptant sans condition la demande de l’Argentine, les États membres du Club ont l’opportunité de faciliter un accord avec les autres créanciers du pays. A l’inverse, en la rejetant, ils compromettraient les chances de l’Argentine d’obtenir un accord de la part de ses créanciers privés.

Selon les organisations signataires de ce courrier, les difficultés auxquelles fait face l’Argentine illustrent encore une fois douloureusement la nécessité d’un mécanisme international de restructuration des dettes souveraines à même de traiter l’ensemble des dettes de tous les créanciers d’un pays en crise de manière juste et ordonnée. Une lacune de l’architecture financière internationale sur laquelle la société civile alerte depuis des années, et qu’il est urgent de combler dans un contexte de multiplication du nombre de pays menacés par une crise de la dette en raison de la crise du Covid.

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