La dette et le genre sont inextricablement liés : texte de positionnement et recommandations de la PFDD pour prendre en compte les aspects genre dans la lutte contre la dette

mercredi 9 octobre 2024

La PFDD intègre davantage les aspects genre dans son travail et établie son premier texte de positionnement décrivant le lien entre dette et genre et proposant des recommandations pour un monde où l’impact disproportionnel de l’endettement sur les femmes et les filles est pris en compte.

Au-delà de l’analyse et des recommandations générales de la Plateforme Française Dette et Développement (PFDD) à retrouver ici, notre collectif a souhaité mettre la question des inégalités de genre plus au cœur de son travail. L’objectif étant ici de mieux comprendre comment les enjeux de dette, de genre et de droits humains sont intrinsèquement liés et quelles propositions spécifiques à ces enjeux peuvent être formulées de manière non-exhaustive. La dette doit en effet être pensée au sein de rapports sociaux et notamment au regard du genre car parmi les victimes de l’endettement insoutenable dans les pays du Sud, ce sont les femmes et les filles qui sont les plus durement touchées.

L’endettement insoutenable dans les pays du Sud et la transversalité du genre ont des implications significatives pour le développement durable, l’équité sociale et la justice économique. C’est pourquoi il convient de lutter contre les inégalités de genre tout en prévenant et luttant contre l’insoutenabilité de la dette des pays du Sud, notamment en :

  • Annulant des dettes par tous les créanciers, y compris privés et multilatéraux, afin de ramener les dettes à un niveau permettant de satisfaire les droits fondamentaux et les besoins essentiels des populations, pour tous les pays qui en font la demande, y compris les pays à revenu intermédiaire.
  • Intégrant la perspective de genre dans les négociations pour l’annulation de la dette afin de prendre en compte et d’atténuer les impacts négatifs des accords de restructuration sur les femmes.
  • Soutenant, par tous les moyens, le secteur public et les systèmes de santé publique, dans les pays du Sud, présentant un double avantage pour les femmes : en tant que citoyennes pour accéder à de meilleures conditions de soins de santé et, en tant qu’employées pour davantage d’opportunités d’emploi.
  • Créant un mécanisme multilatéral permanent et indépendant de règlement de la dette souveraine, sous l’égide des Nations unies, qui offre une résolution juste, transparente, complète et rapide de la dette, et qui intègre une perspective de genre et contribue à l’atteinte des recommandations issus des conclusions agrées de la 68ème édition de la Commission de la condition de la femme (CSW) des Nations Unis.
  • Dépassant les traditionnelles Analyses de Soutenabilité de la Dette du FMI aujourd’hui centrées sur la capacité de remboursement d’un pays pour prendre en compte la question de savoir si le niveau de dette et son service, avec les conseils de l’ONU et de la société civile, compromettraient les ressources fiscales minimales dont dispose l’État pour garantir le respect des droits de l’homme et du droit au développement, une justice économique équitable sensible au genre y compris l’interdiction de la discrimination fondée sur le genre.
  • Éliminant les conditionnalités dans les initiatives d’allègement de la dette et les dispositifs de restructuration de la dette qui risquent d’exacerber les inégalités de genre.
  • Exigeant auprès des institutions financières internationales, la réalisation d’évaluations d’impact de leurs prêts et réformes tenant compte de la dimension de genre.

Pour aller plus loin, nous ne pouvons que vous conseiller la lecture du livre « Feminism in public debt – A human rights approach » (2024) co-édité par Juan Pablo Bohoslavsky et Mariana Rulli aux éditions Bristol University Press, disponible en accès libre en anglais et en espagnol .

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