Les limites de l’Initiative de Suspension du Service de la Dette du G20

jeudi 16 juillet 2020

L’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) - qui a été lancée par le G20 le 15 avril dernier - vise à aider les pays pauvres et endettés qui luttent pour faire face aux impacts de la pandémie de Covid-19.

Dans un rapport publié ce jour sur la mise en œuvre de l’initiative, Eurodad - réseau européen sur la dette et le développement dont la PFDD est membre - relève que l’ISSD :

  • ne s’applique qu’aux seuls créanciers bilatéraux, et pas aux créanciers multilatéraux et privés. L’argent ainsi libéré par le moratoire risque par conséquent d’être dépensé pour rembourser d’autres dettes au lieu de financer la réponse à la crise de Covid-19.
  • ne fait que reporter les paiements de dette, sans les annuler. Les pays éligibles à l’ISSD devront rembourser 115 milliards de dollars de dette en 2022-2024, lorsque la suspension arrivera à échéance.
  • ne bénéficie qu’à une partie des pays qui ont désespérément besoin d’un allégement de leur dette. Les pays à revenu intermédiaire, dont beaucoup sont actuellement à l’épicentre de la pandémie, sont notamment exclus de l’initiative. Pour 68 de ces pays à revenu faible et intermédiaire (et pour lesquels des données sont disponibles), le service de la dette publique extérieure devrait atteindre 273 milliards de dollars en 2020. L’initiative du G20 ne couvre donc que 3,65% des paiements de dette en 2020 par les pays en développement.

Le rapport exhorte à l’adoption d’une approche à plus long terme de la crise de la dette à laquelle le monde est confronté. Il recommande d’adoption d’un processus dédié d’allégement et d’annulation de la dette pour tous les pays en développement à la suite de la crise de Covid-19 et la création d’un mécanisme permanent, sous l’égide des Nations Unies, pour la restructuration systématique, globale et exécutoire de la dette souveraine.

Il invite également les gouvernements du G20 et les institutions financières internationales, qui se réunissent cette fin de semaine à l’occasion de la réunion des ministres des Finances du G20, à adopter de mesures immédiates pour répondre aux besoins urgents des pays les plus touchés par la pandémie et la crise de la dette : l’annulation permanente du paiement de la dette pour une période de quatre ans et pour tous les pays du Sud qui en ont besoin, ainsi que la garantie de la participation de tous les créanciers, y compris la Banque mondiale, des autres banques multilatérales de développement et des créanciers privés.

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