La PFDD se joint à la société civile ghanéenne dans un appel aux créanciers privés du Ghana d’annuler la dette

mercredi 18 janvier 2023

Un groupe d’organisations de la société civile ghanéenne a publié aujourd’hui une déclaration appelant les prêteurs internationaux à annuler une partie suffisante de la dette du Ghana pour la rendre viable. La PFDD rejoint ces organisations et d’autres organisations internationales dans cette demande.

Traduit de l’anglais depuis le communiqué de presse de Debt Justice UK [1]

Les organisations de la société civile appellent le Ghana à recevoir le soutien du G20, et du Royaume-Uni en particulier, pour rester en défaut de paiement vis-à-vis de tous les créanciers extérieurs qui refusent d’accepter l’ampleur de l’annulation de la dette nécessaire [2].

En décembre, le Ghana a annoncé qu’il suspendait les paiements de sa dette aux prêteurs privés externes et qu’il avait demandé à bénéficier du Cadre commun de traitement de la dette du G20. Le Ghana devrait manquer son premier paiement sur une obligation en devises étrangères le 18 janvier, un paiement d’intérêt de 41 millions de dollars sur une obligation de 1 milliard de dollars [3]].

Le Ghana est le dernier pays en date à avoir fait défaut sur sa dette et à avoir demandé une restructuration de sa dette depuis le début de la pandémie de Covid et la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie en 2022.

Parmi les signataires de la déclaration figurent le Centre de développement social intégré (ISODEC), Tax Justice Coalition Ghana, Ghana Integrity Initiative, Caritas Ghana et ActionAid Ghana. Elle est également soutenue par le Forum et le réseau africain sur la dette et le développement (Afrodad), Debt Justice, Eurodad, Christian Aid, Oxfam, Public Services International et Third World Network.

 Dans la déclaration, les signataires -PFDD incluse- "se félicitent de la suspension par le Ghana de la plupart des paiements de la dette extérieure jusqu’à ce que les créanciers acceptent d’annuler suffisamment de dette pour la rendre viable."

Ils soulignent que les taux d’intérêt élevés pratiqués par les prêteurs privés signifient qu’ils devraient désormais être prêts à accepter des pertes sur leurs paris risqués :
"Les prêteurs du Ghana, en particulier les prêteurs privés, ont prêté à des taux d’intérêt élevés en raison du risque supposé de prêter au Ghana. Le taux d’intérêt sur les euro-obligations du Ghana se situe entre 7 et 11 %. Ce risque s’est matérialisé avec la pandémie mondiale de Covid, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, et l’augmentation des taux d’intérêt mondiaux. Étant donné qu’ils ont prêté en recherchant des rendements élevés, il n’est que juste qu’à la suite de ces chocs économiques, les prêteurs privés acceptent volontiers les pertes et acceptent rapidement une annulation significative de la dette du Ghana."

Les organisations appellent le G20, et le Royaume-Uni en particulier, à soutenir le Ghana dans les négociations sur la dette :
"Le G20 peut aider en indiquant clairement que le Ghana sera soutenu politiquement et financièrement pour rester en défaut de paiement vis-à-vis de tout créancier qui n’accepterait pas la restructuration nécessaire de la dette. En outre, les obligations en devises étrangères du Ghana sont régies par le droit anglais. Le parlement britannique pourrait mettre à jour sa loi sur l’allégement de la dette (des pays en développement) afin de préciser qu’aucun créancier ne peut intenter une action en justice en vertu du droit anglais pour obtenir plus que ce qu’il aurait obtenu s’il avait pris part à la restructuration de la dette du Cadre Commun."

La déclaration demande également une transparence accrue, notamment la publication par les détenteurs d’obligations d’informations sur le montant de la dette qu’ils détiennent et le prix qu’ils ont payé pour celle-ci. Les euro-obligations du Ghana se négocient actuellement à 35-40 cents par dollar. Les signataires soulignent que la lutte contre la crise de la dette dans de nombreux pays africains nécessite "une architecture financière internationale réformée par l’intermédiaire des Nations unies, qui assure un financement durable du développement pour tous les pays."

La déclaration ici évoquée a été reprise par Reuters, à découvrir ici [4].


[3[41 millions de dollars d’intérêts doivent être payés sur l’obligation XS1108847531 du Ghana le 18 janvier 2023. Il s’agit du premier paiement prévu sur une euro-obligation depuis que le Ghana a annoncé la suspension de sa dette en décembre 2022

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