Le Processus FfD4 qu’est ce que c’est ?

Retour sur un an de négociation à l’ONU pour le Financement du Développement.

mardi 8 juillet 2025

La 4ème Conférence sur le Financement du Développement s’est terminée ce jeudi 3 juillet 2025. C’est l’occasion de revenir sur près d’un an de négociation à l’ONU sur les grands enjeux du financement du développement.

Qu’est-ce que la conférence FfD4 ?

La Quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4) est un sommet mondial organisé sous l’égide des Nations Unies, visant à repenser les règles du jeu financier international pour permettre aux pays du Sud de financer leur développement de façon plus juste et durable. Ce rendez-vous, qui s’est tenu à Séville en juillet 2025, s’inscrit dans la lignée du Consensus de Monterrey (2002) et du Programme d’action d’Addis-Abeba (2015), avec l’ambition de répondre à la crise de la dette, à la montée des inégalités et au besoin de financements pour le climat et les Objectifs de développement durable.

La chronologie du processus :

Le lancement du processus :

  • Juillet 2024 : Le processus s’ouvre à Addis-Abeba.
  • Composition : Trois représentants par groupe régional, des observateurs issus de la société civile, du secteur privé et des institutions internationales.

Les premières négociations et un texte provisoire :

  • Octobre 2024 et Décembre 2024 : Audition multipartite intersessionnelle à New York. Les premières divergences apparaissent, notamment sur la gestion de la dette et la réforme de l’architecture financière internationale.
  • Janvier 2025 : Publication du « zero draft », première version du texte de négociation. La société civile salue quelques avancées mais alerte pour un renforcement des propositions concernant la dette.

La montée des tensions et l’exclusion de la société civile :

  • Février 2025 : Troisième session à New York, marquée par une mobilisation accrue des ONG. Mais à mesure que les négociations avancent, les discussions se tiennent de plus en plus à huis clos, excluant progressivement la société civile des débats décisifs.
  • Mars 2025 : Premier projet officiel du document final. Les critiques s’intensifient sur le manque d’ambition en matière de gouvernance de la dette.

Le sprint final et l’adoption du Compromiso de Sevilla :

  • Avril-mai 2025 : Dernière session du Comité préparatoire, suivie d’une reprise en juin pour finaliser le texte – la société civile est mise à l’écart.
  • Juin 2025 : Adoption du « Compromiso de Sevilla » lors d’une session spéciale à New York.

Quelles sont les positions de chacun ?

Pays du Sud : Ils réclamaient (pour la plupart) une convention onusienne juridiquement contraignante sur la dette souveraine et un mécanisme multilatéral indépendant de restructuration, sous l’égide de l’ONU. Ces propositions ont notamment été soutenues ouvertement par le Groupe Afrique et le Groupe des Petits Etats Insulaires lors des négociations – le G77 ne s’étant pas positionné fermement sur le sujet à cause de la Chine.

Pays créanciers (dont la France) : Ils ont privilégié le maintien du cadre existant (G20, FMI, Club de Paris), refusant toute avancée majeure sur la création de nouveaux mécanismes contraignants. L’UE s’est notamment « dissociée » du paragraphe final 50.f) proposant le lancement d’un processus intergouvernemental à l’ONU pour réformer l’architecture internationale de la dette.

Société civile : Elle a soutenu les demandes des pays du Sud de réformer l’architecture internationale de la dette au travers de la création d’espaces de gouvernance équitable et contraignant – notamment pour les créditeurs (pays et acteurs privés). Elle a aussi dénoncé l’exclusion progressive de ses représentants et l’alignement des pays du Nord sur les intérêts des créanciers, au détriment d’une véritable justice financière.

Bilan d’un compromis mitigé :

Au terme d’un an de négociations, le « Compromiso de Sevilla » acte quelques progrès sur la coopération internationale, mais reste en deçà des attentes sur la réforme de la dette. Pour la société civile, le texte reflète davantage le rapport de force entre créanciers et débiteurs qu’un véritable sursaut multilatéral. Les ONG regrettent la « faiblesse des engagements » et la « marginalisation des voix du Sud », appelant à poursuivre la mobilisation pour une architecture financière internationale plus équitable.

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