Sommet du G20 : La dette, quelle dette ?

Par Jesse Griffiths, Eurodad

mercredi 12 juillet 2017

Curieusement, alors que la dette des pays en développement atteint des niveaux record, et qu’un nombre significatif de pays est surendetté,la déclaration finale du G20 ne mentionne pas une seule fois la nécessité de résoudre les crises de la dette actuelles et à venir.

Cette déclaration intervient après que les ministres des Finances ont, un peu plus tôt cette année, ignoré l’important travail réalisé aux Nations unies sur un nécessaire mécanisme de restructuration de la dette juste et transparent, pour prévenir et résoudre rapidement les crises de la dette. Ils ont en effet préféré soutenir des Principes opérationnels du financement soutenable qui ne prônent qu’un meilleur partage de l’information et une meilleure coordination des créanciers. Ces principes constituent un pas en arrière par rapport aux principes existants comme les Principes pour l’octroi de prêts et la souscription d’emprunts souverains responsables de la CNUCED, déjà adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies.

Le Plan d’action du G20 omet également de mentionner le travail des Nations unies sur les cadres multilatéraux de restructuration de la dette souveraine , et ne propose qu’une seule nouvelle initiative : un Guide pour des obligations indexées sur le PIB. Bien qu’il soit cohérent de lier les remboursements de dette dans les contrats obligataires avec la capacité de l’emprunteur à rembourser, l’essentiel de la dette dans les pays à faible revenu n’est pas constitué d’obligations : les pays qui sont victimes de crises de leur dette ont besoin d’une solution qui permette de résoudre rapidement et de manière équitable toutes formes de dettes.

La manière dont le G20 aborde le problème de la dette a fait l’objet de vives critiques de la part des organisations membres et partenaires d’Eurodad durant un événement organisé par la société civile en marge du Sommet de Hambourg.

Le Gouvernement allemand avait espéré faire de la gestion des flux de capitaux internationaux un sujet central pendant ce G20, mais, comme Eurodad l’avait prédit, le sujet ne fait l’objet d’aucune référence dans la déclaration, probablement en raison des différences de vue entre certains pays développés désireux de libéraliser la finance internationale encore davantage, et des pays émergents méfiants, à juste titre, face à ces positions.

Financements privés

Présentée comme centrale dans la présidence allemande du G20, l’initiative Compact With Africa qui avait pour objectif d’encourager l’investissement privé étranger en Afrique, n’est pas mentionnée dans la déclaration finale. A la place, le G20 regroupe nombre de plus petites initiatives sous le concept de « Partenariat avec l’Afrique ». Peut-être est-ce le petit nombre de pays africains qui ont intégré le Compact (seulement sept sont listés dans la déclaration) qui a justifié cette moindre attention donnée au Compact, à moins que ce ne soient les vives critiques qu’il a suscitées et les véritables enjeux qu’il cache. Par exemple, Afrodad, le réseau des organisations africaines sur la dette et le développement, a fortement critiqué l’initiative après consultation d’organisations issues de tout le continent africain. Tout en relevant que « l’initiative pouvait être bénéfique », Afrodad a exprimé de nombreuses inquiétudes, craignant notamment que les pays développés qui soutiennent ces initiatives « recherchent un espace pour leur expansionnisme » et que l’objectif final soit « d’intégrer l’Afrique dans une division mondiale du travail … avec l’Afrique jouant toujours le même rôle de fournisseur de matières premières ».

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